Le programme des Jeux olympiques de Paris 2024 surprend avec l’arrivée du breaking, du skateboard, de l’escalade et du surf, mais le karaté reste à la porte malgré une entrée remarquée lors de Tokyo 2020. La décision, déjà prise en 2019, repose sur les critères du Comité international olympique : audience mondiale, potentiel médiatique, renouvellement de l’offre sportive.Toutes les disciplines n’ont pas pu profiter du même élan. Malgré un lobbying intensif, la fédération mondiale de karaté s’est heurtée à des refus nets, alimentant l’incompréhension et la frustration chez de nombreux sportifs.
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Le karaté et les Jeux Olympiques : une histoire en pointillés
Le karaté est né au Japon, porté par des décennies d’attente dans l’ombre des Jeux olympiques. Jusqu’à Tokyo 2020, les espoirs restaient au stade de la rumeur ou de candidatures avortées. Quand enfin, à Tokyo, la discipline intègre le programme officiel, dans un pays où le karaté coule dans les veines de la culture,, l’exploit retentit jusqu’en France grâce à la médaille d’or de Steven Da Costa. Son triomphe marque les esprits, mais la suite échappe déjà au terrain des combattants.
La relation du karaté avec l’olympisme demeure hésitante, inachevée. À Tokyo, il décroche une place provisoire, sans garantie pour l’avenir. À la différence du judo ou de la lutte, confortablement installés, il reste sur la sellette. Les responsables français, comme la fédération internationale, déplorent ce statut précaire. De leur côté, les dirigeants du CIO jugent la discipline trop discrète sur la scène mondiale et peu suivie, loin du retentissement des sports ultra-médiatisés.
Ce passage éclaire une frustration profonde : les athlètes font les frais de décisions qu’ils ne contrôlent pas. Steven Da Costa, sacré champion olympique à Tokyo, ne pourra pas défendre son titre à Paris. Derrière l’histoire et la popularité du karaté, la réalité impose une attente supplémentaire avant d’espérer un retour sous les anneaux.
Pourquoi le karaté a-t-il été écarté des JO de Paris 2024 ?
L’éviction du karaté pour Paris 2024 découle de choix stratégiques au sommet, entre logiques institutionnelles et volonté de séduire une nouvelle génération. Le Comité international olympique s’affiche comme un dénicheur de pratiques innovantes, connectées et attractives. Dans ce contexte, les sports urbains montent en flèche, portés par leur viralité. Skateboard, escalade et breakdance bénéficient déjà d’une large reconnaissance sur les réseaux sociaux et séduisent un public jeune.
Au cœur de l’organisation, l’objectif affiché est clair : faire place à des compétitions rapides, spectaculaires, pensées pour le partage en ligne. Le karaté, plus codifié, moins flamboyant à l’écran, doit céder sa place. Son audience, jugée vieillissante, et sa faible visibilité à l’international pèsent dans la balance.
Le calcul du nombre de participants et les contraintes logistiques pèsent aussi dans la décision. Les sports qui génèrent de l’effervescence en ligne trouvent leur place en priorité, quitte à sacrifier une discipline pourtant porteuse d’histoires marquantes et de convictions ardentes.
Des sports nouveaux à Paris 2024 : quels choix et quelles justifications ?
L’arrivée de nouveaux sports additionnels à Paris ne doit rien au hasard. Le comité d’organisation a cherché à dynamiser la compétition, à coller aux attentes d’une jeunesse connectée et friande d’images spectaculaires. Skateboard, escalade, surf et breakdance s’imposent alors, renforçant la stratégie d’ouverture vers l’univers urbain, déjà omniprésent sur les réseaux.
Voici sur quels critères reposent ces décisions :
- La capacité à toucher de nouveaux publics en s’appuyant fortement sur leur popularité numérique,
- Une image moderne qui résonne avec les modes de vie actuels,
- Une intégration possible au sein d’un programme olympique déjà dense.
Le comité misait ainsi sur des sports à fort potentiel visuel, déjà bien implantés dans la pratique en France, afin de garantir une large audience et une couverture médiatique continue. Dans ce tableau, le karaté paye son inscription trop récente et un impact jugé insuffisant par les instances décisionnaires. Pas assez “nouveau”, pas assez populaire selon ces critères : il reste sur la touche, alors même qu’il incarne, pour beaucoup, tradition et esprit de compétition.
Réactions de la communauté et conséquences pour l’avenir du karaté
Cette décision suscite une vague de déception chez tous ceux qui vivent pour le karaté, des clubs français jusqu’aux tatamis internationaux. Les dirigeants de la fédération en France ont fait entendre leur mécontentement rapidement, soulignant l’amertume provoquée par ce revers après le souffle de Tokyo. Steven Da Costa, visage radieux à Tokyo, n’a pas masqué sa colère ni sa tristesse face à ce qu’il décrit comme une disqualification administrative injuste. Comme lui, toute une génération rêvait de médaille sur ses propres terres, rêvait de profiter de la lumière des Jeux pour inspirer de nouveaux vocations et relancer la dynamique autour de ce sport.
Pour la fédération, il n’est pas question de céder. Son ambition reste de diffuser toujours davantage le karaté en France et à l’étranger. Les clubs s’appuient désormais sur les grands rendez-vous hors des Jeux, comme les championnats mondiaux ou la Premier League, et misent sur un engagement numérique pour ne pas disparaître des radars.
Sur le terrain, les éducateurs redoutent une baisse du nombre de jeunes pratiquants privés de l’effet vitrine olympique. Cette absence forcera la discipline à miser sur ses valeurs, sa capacité à fédérer, son palmarès et l’engagement de son tissu associatif pour ne pas décrocher. Une question reste en suspens : combien de temps le karaté devra-t-il patienter pour retrouver la scène dont il se sait digne ?

